La sonde Rosetta flashe Lutetia
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La sonde Rosetta flashe Lutetia
L'astéroïde Lutecia photographié par la sonde Rosetta ESA©ESA
Cela se passe dans l’espace. Samedi 10 juillet 2010, dans la nuit sur Terre, la sonde Rosetta a mitraillé l’astéroïde Lutetia de quelque 400 photos. Une brève rencontre après 5 milliards de km parcourus et à une vitesse relative de 54 000 km/h. La sonde européenne est passée à un peu plus de 3000 km de Lutetia. Cet astéroïde de 130 km de long a été découvert le 15 novembre 1842 par un peintre devenu astronome, Hermann Goldschmidt, lors d’une observation depuis le balcon du sixième étage de son appartement parisien, sis au 13 rue de l’ancienne comédie, adresse du restaurant Procope depuis sa création en 1686. Il aura donc fallu que l’homme patiente 168 ans pour franchir les 454 millions de km séparant la Terre de Lutetia qui croise dans la ceinture d’astéroïdes, entre les orbites de Mars et de Jupiter.
La netteté des images prises par Rosetta est tout simplement sidérante. Même si les sondes nous ont habitués à cette qualité lorsqu’elle ont photographié des planètes, il s’agit là d’un corps de faibles dimensions et les détails, qui apparaissent jusqu’à une taille de 60 mètres, tout comme les sensations de volume dues aux ombres, abolissent les millions de km qui nous séparent de Lutetia. Que dirait Hermann Goldschmidt devant de telles images ? Et que vont nous apprendre les scientifiques grâce à l’analyse des données du spectromètre OSIRIS (Optical Spectroscopic and Infrared Remote Imaging System) embarqué à bord de Rosetta et qui a ausculté l’astéroïde lors de leur bref croisement. Vont-ils confirmer les hypothèses d’une formation de Lutetia au moment de la naissance du système solaire, il y a 4,5 milliards d’années, et de sa composition métallique ? Que peuvent nous enseigner les informations conservées par ce « survivant primitif de la naissance violente du système solaire », comme le qualifie l’ESA qui remporte, avec ce rendez-vous réussi, un très remarquable succès ?
Pour autant, la mission de Rosetta, ce véhicule spatial de 3 tonnes dotés de panneaux solaires de 32 mètres d’envergure lancé en 2004 depuis Kourou, est loin d’être terminée. Lutetia n’est que l’une de ses étapes vers sa destination finale, la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, qu’elle doit atteindre en 2014. La sonde devrait alors être la première à se mettre en orbite à 25 km autour d’une telle comète. Après avoir déterminé un site, elle descendra à une altitude de 1 km pour larguer son atterrisseur Philae pesant 100 kg, bardé de 9 instruments et qui doit sonder la surface jusqu’à une profondeur de 2 mètres. D’autres instruments analyseront la composition du cœur de Churyumov-Gerasimenko ainsi que la structure de sa chevelure. Un exploit réalisé sur une microscopique comète de 4 km de diamètre.
Pour s’y préparer, Rosetta subira une longue période d’hibernation, entre mai 2001 et janvier 2014. En mai 2014, elle sera ainsi prête pour son rendez-vous final avec Churyumov-Gerasimenko, à environ 1 milliard de km de la Terre et à 800 millions de km du soleil.
La performance de l’ESA ne saurait avoir l’aura des missions habitées. Mais elle démontre les extraordinaires possibilités d’exploration de l’homme à distance. De quoi conforter la position de ceux qui ne croient plus à l’avenir des cosmonautes et privilégient celui des robots. Les images prises par la mission Rosetta, qui a tout de même coûté 1 milliard d’euros, montrent que la présence physique de l’homme est, finalement, rarement nécessaire. Tant pis pour les rêves de conquête. Tant mieux pour les résultats scientifiques.
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Kamil- Explorateur
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